4ème de couverture:
« Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos coeurs, la joie avec la peine, le rire avec les ombres, deux chevaux dans le même attelage, chacun tirant de son côté, à folle allure. Ainsi allons-nous, cavaliers sur un chemin de neige, cherchant la bonne foulée, cherchant la pensée juste, et la beauté parfois nous brûle, comme une branche basse giflant notre visage, et la beauté parfois nous mord, comme un loup merveilleux sautant à notre gorge.«
« La folle allure » de Christian Bobin
Mon avis
« La folle allure » trace la vie mouvementée de Lucie de ses deux ans à ses vingt-sept ans. Elevée dans un cirque Lucie est une écorchée vive, rêveuse et ne tenant pas en place, on suit ses avancées et ses replis face à la vie, loin de celle que lui destine sa famille. Nous la suivons depuis sa nuit à dormir contre un loup aux yeux jaunes, jusqu’à sa rencontre avec l’amouret sa dévotion pour une grand-mère. Elle court à folle allure après la vie, l’amour et le rêve, et cherche à construire son identité propre en suivant ses folles envies : son instinct et son loup, et comme Lucie dit souvent « On verra bien« .
Quelques citations :
« L’amour fait un cercle comme celui du cirque, tapissé de sciure, doux aux pieds nus, lumineux sous la toile rouge gonflée de vent. Le cercle est simple : plus vous êtes aimée et plus on vous aimera. Le truc c’est au départ, pour être aimée une première fois. Il faut surtout n’y pas penser, ne pas le rechercher, ne pas le vouloir. Etre folle, se contenter d’être folle, de rire en pleurant, de pleurer en riant, les hommes finissent par arriver, attirés par la clairière de folie, séduits par celle qui n’a même pas souci de plaire. Après c’est joué, vous tournez et dansez dans le cercle d’amour, un mari à vos bras pour ne pas perdre l’équilibre, un mari qui roule des yeux partout en silence. »
« Elle ne croyait pas au monde, ma mère, et là-dessus je suis bien sa fille. Elle ne croyait qu’à l’amour et quand on ne croit qu’à l’amour, on n’a pas d’humeur matinale, on reste entre les draps parce que l’amour est là. Ou parce qu’il manque. »
« Je ne risque rien à donner cette adresse : j’ai remarqué que presque toutes les villes ont une avenue Leclerc. Je me demande ce qu’il a fit pour ça, Leclerc. Je ne sais pas si j’aimerais avoir une rue à mon nom. Il faudrait que ce soit une rue qui donne sur la campagne, dans les faubourgs, là où les maisons se détachent les unes des autres et fondent dans la nature comme un sucre dans l’eau.«
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