Carole est ce que j’appelle un serial expat’ ! Elle a vécu aux USA, en Espagne, au Vietnam et est actuellement au Sénégal.
Prénom : Carole
Âge : 41 ans
Situation professionnelle : entrepreneur
Situation personnelle : mariée, 4 enfants et 2 chats
Expatrié(e) aux USA en 91/92, en Espagne en 2001/2002, aux USA de 2009 à 2013, au Vietnam de 2013 à 2016 et au Sénégal depuis début 2017.
Comment était ta vie avant l’expatriation ?
J’ai toujours aimé voyager que ce soit avec mes parents ou avec mon futur mari lorsque nous nous sommes rencontrés à l’âge de 21 ans. J’ai vécu ma première expérience à l’étranger à l’âge de 15 ans quand je suis partie une année en immersion complète dans une famille Américaine. J’ai l’impression que quelque part l’envie de m’expatrier a toujours été là ! J’ai d’ailleurs rencontré mon mari dans une association qui accueillait les étudiants étrangers en échange dans notre école…
NB : oui oui il y avait bien un coyote dans le jardin de Carole !
Qu’est-ce qui t’a amené(e) à t’expatrier ?
L’envie et les opportunités professionnelles.
Où es-tu actuellement et combien de temps penses-tu y rester ?
Je suis au Sénégal depuis 3 mois et nous y resterons probablement 2 ou 3 ans.
L’expatriation était quelque chose que tu voulais tenter ?
Oui, ça m’a toujours fait rêver cette idée de découvrir autre chose, d’autres cultures, parler d’autres langues…
Comment se sont passés les préparatifs du déménagement ?
En général pour nous préparer à l’arrivée dans un nouveau pays, nous cherchons via notre réseau des contacts de gens qui y vivent ou qui y ont vécu pour savoir à quoi s’attendre, quelles écoles choisir et ce qu’il est indispensable d’emmener.
Y avait-il des démarches particulières à faire/à prévoir pour ce pays ?
A chaque fois il y a eu des démarches à faire pour obtenir des visas (sauf en Espagne qui fait partie de l’Union Européenne), et pour ce dernier déménagement des vaccinations pour amener les 2 chatons que nous avons recueillis au Vietnam pour qu’ils puissent venir avec nous au Sénégal.
Peux-tu nous dire ce qui t’a le plus sauté aux yeux à ton arrivée dans ce pays ?
Il y a des anecdotes à raconter dans chaque pays dans lesquels j’ai vécu.
– Quand je suis partie à l’âge de 15 ans aux USA (Floride), j’ai été surprise de voir que chacun se servait dans le frigo le midi pour déjeuner, le seul repas pris tous ensemble à table étant le dîner.
– En Espagne, nous avons été surpris de constater que les jeunes de 20 à 30 ans (comme nous à l’époque) habitaient tous encore chez leurs parents et ce jusqu’à ce qu’ils aient les moyens de se payer un appartement : du coup c’était compliqué de se recevoir mutuellement et les dîners se faisaient toujours à l’extérieur.
– Aux USA la 2ème fois (à Boston), ce qui m’a surpris c’est leur gestion des conditions climatiques tout à fait rodée (nous y avons vécu plusieurs tempêtes de neiges, cyclones et ouragans), alors qu’il me semble qu’en France on est vite dépassés dès qu’il y a 3cm de neige !
– Au Vietnam ce qui m’a étonnée ce sont les milliers de motos qui grouillent partout dans la rue, c’est très impressionnant ! Au Sénégal, ce qui m’a sauté aux yeux c’est le côté sportif des gens qui sont tous très élancés et grands, on voit vraiment beaucoup de coureurs partout (en tout cas à Dakar).
– Et aussi à Dakar le contraste entre les gros 4×4 climatisés qui circulent et les charrettes tirées par des chevaux que l’on rencontre parfois en pleine ville.
Comment t’es-tu intégrée ?
Finalement au niveau langue, le pays le plus dur a été le Vietnam parce que j’ai bien essayé d’apprendre cette langue pendant 1 an et demi mais elle est vraiment très difficile avec toutes ses tonalités différentes. A la fin, je ne savais dire que quelques phrases et en général je ne comprenais pas les réponses. Mais cela suffisait à instaurer une autre relation avec les gens. Sinon ailleurs il s’agissait d’améliorer la maîtrise de langues que j’avais étudiée ce qui me donnait déjà une bonne base.
Au niveau social, eh bien en Espagne c’est à travers nos collègues que nous avons rencontré du monde puisque nous n’avions pas d’enfants. Au US, au Vietnam et au Sénégal, ce sont les associations de français ou d’expatriés, et via les parents d’élèves que nous nous sommes intégrés. Le bénévolat aussi a été un levier.
Qu’est-ce qui a changé dans ta vie depuis que tu es expat’ ?
Tout ! Il me semble que je prends plus de recul sur les choses, que j’apprends à découvrir les points positifs de chaque situation, que notre famille est très soudée, que nous avons une belle vie riche et pleine de surprises et des amitiés très fortes (les amis deviennent souvent la famille que nous n’avons pas sur place).
Comment cela se passe avec tes enfants ?
Ça se passe plutôt bien même s’il y a des moments difficiles (les « au revoir » et les débuts dans un nouvel endroit), les mêmes que nous finalement.
Deux de mes 4 enfants sont nés en expat mais ils ont tous vécu ces changements puisque nous avons fait plusieurs pays.
Comment as-tu fait pour aider à la transition ?
Je me suis fait aider par une psy pour bien préparer le terrain lors de notre dernier déménagement (les enfants étant un peu plus grands). Nous en avons discuté bien en amont avec eux. Nous avons bien fait attention à prendre le temps de faire une fête d’au revoir avec leurs amis au milieu de notre rush de départ. Comme ils sont scolarisés à chaque fois dans des écoles internationales (anglo-saxonnes dans notre cas), ils sont à chaque fois très bien accueillis et intégrés par les enseignants et les élèves qui vivent tous régulièrement la même chose, et cela aide beaucoup !
Comment as-tu réussi à concilier vie perso / expat / vie pro ?
J’ai tout d’abord pris plusieurs congés parentaux pour m’occuper de mes bébés. J’ai prolongé par une année sabbatique, puis au moment de prendre la décision de revenir ou non à Paris reprendre mon travail, je me suis faite coacher car je me posais plein de questions. Ce coaching m’a permis de prendre conscience que je ne me voyais pas rentrer en France tout de suite car j’avais une forte envie de conserver ma qualité de vie et notre équilibre familial. Mais j’ai aussi compris qu’il était très important pour moi d’avoir une activité pour m’épanouir. J’ai donc décidé de démissionner et de monter mon entreprise (que je pourrais emmener partout avec moi, très important !), et aussi d’écrire noir sur blanc les conditions qui feraient que cela marcherait pour moi afin d’en discuter avec mon mari (qui a été d’accord sur tout).
As-tu eu des inquiétudes, des moments de solitude ?
Oui au moment où la date de retour dans mon entreprise se profilait, comme décrit plus haut. Je me sentais au pied du mur et j’ai compris qu’il fallait que je fasse un vrai choix en prenant en compte tous les paramètres. J’avais l’impression que l’avenir de ma famille dépendait de ma décision, ce qui était le cas d’ailleurs puisque mon mari était prêt à me suivre.
Quelles étaient tes peurs / envies / projets ?
L’expatriation m’avait changée et sincèrement je ne me voyais pas reprendre le rythme métro-boulot-dodo parisien… Je n’aurais jamais pensé lancer un jour ma boîte mais je l’ai fait et j’ai tellement appris que je souhaite aller jusqu’au bout de cette aventure. J’ai compris que je n’avais pas le courage non plus de chercher un emploi dans chaque nouveau pays comme certaines le font, car c’est trop frustant pour moi de devoir démissionner à chaque changement de pays sans voir l’aboutissement de mes projets.
Qu’est-ce qui te manque le plus de ton pays d’origine ?
Certains trucs à manger, la facilité qu’il y a à faire certaines choses en se faisant comprendre à 100% tout le temps, la famille bien sûr.
Te vois-tu revenir dans ton pays d’origine un jour ?
Oui j’aimerais vraiment que mes enfants vivent et connaissent leur pays un jour.
Qu’est-ce qu’il ne faut pas manquer dans ton pays d’adoption ?
Je vais parler du Vietnam car je ne suis au Sénégal que depuis 3 mois.
– à manger : tout ! Des nems aux Banh mi en passant par les Pho et les Bo bun, tout est vraiment très bon.
– à boire : Le café sua da qui est très typique, à boire dans la rue sur un petit tabouret en plastique
– à voir : La baie d’Halong, Hoi An, Hanoi, le Delta du Mékong, Sapa…
– à faire : Un tour de Vespa dans Saïgon
– à savoir : Apprendre quelques phrases en vietnamien permet déjà de faire baisser les prix dans les marchés ;-)
Quels sont tes conseils pour ceux qui souhaitent s’expatrier de manière générale ou dans ton pays d’adoption ?
Faire l’effort d’apprendre un peu la langue
Comment as-tu appréhendé la langue de ton pays d’adoption ?
J’ai pris un an et demi de cours avec d’autres nouvelles arrivantes, j’ai essayé d’améliorer mon niveau avec les vietnamiennes que je cotoyais dans l’association dans laquelle j’étais bénévole, mais j’ai vite laissé tomber tellement c’était dur !
T’y es-tu fait des amis ? Si oui comment, si non pourquoi ?
Oui je m’en suis fait à chaque fois, souvent je l’avoue dans la communauté française ou expatriée qui est très soudée.
Tu as d’autres choses à rajouter ?
L’expatriation est une chance de vivre autre chose, c’est très riche et révélateur. J’ai rencontré peu d’expatriés qui n’ont pas aimé leurs expériences à l’étranger (et pourtant certains avaient vécu dans des pays peu attirant), il semble qu’au bout de quelques mois tout le monde apprend à apprécier les bons côtés de chaque pays d’accueil. Les seuls endroits auxquels on ne s’habitue jamais sont ceux dans lesquels la sécurité n’est pas bonne.
Hello ! Je trouve son parcours très intéressant et admirable. Quelle est son entreprise ? Son mari travaille ? Ses enfants apprennent-ils d’autres langues ?
J’ai tellement de questions :)
Bonjour Alexandra,
Merci beaucoup !
Je me permets de répondre directement :-)
Alors mon entreprise s’appelle « Anniversaires Inoubliables » : je propose des conseils ainsi que des chasses au trésor et de la décoration à imprimer pour organiser des anniversaires d’enfants (de 4 à 14 ans), tout ce qu’il faut pour être le chef d’orchestre de la fête sans avoir à tout créer de A à Z…
Sinon, oui mon mari travaille dans une entreprise (laboratoire pharmaceutique) qui nous envoie aux 4 coins du monde.
Et enfin mes enfants sont bilingues français/anglais. Ils ont appris l’anglais à Boston dans une école française bilingue, nous avons maintenu cela en les inscrivant dans une école anglaise au Vietnam et ils vont maintenant dans une école américaine au Sénégal. Je leur fait faire le CNED en français à côté pour qu’ils puissent avoir un bon niveau aussi.
N’hésitez pas si vous avez d’autres questions !
J’en profite pour renouveler mes mercis à Adrienne pour cette interview et cet échange intéressant.
Bonne journée,
Carole